Je suis tombé dans ce roman à la lecture d’un avis sur le ouaibe. Un avis éclairé dont j’ai oublié la source, mais qui m’a permis, en tout cas, de mettre la main sur ce livre.
Soyons sérieux, comme dirait Aurélien.
Tant qu’on continuera à penser que le titre (parfois donné par l’éditeur à l’inverse de ce que souhaitait l’auteur) nous offre la substantifique moelle de ce que contient le bouquin, on n’aura pas commencé à réfléchir sérieusement à ce que contient l’objet littéraire qu’on a entre les mains…
Et donc, quant à ce titre là, on penche irrémédiablement vers un polar pour adolescent, ou autre joyeuseté, du type cinquante tonalités de gris.
Ben non.
« La guérison de Rose Gold », c’est le contraire du polar adolescento-mièvre.
Il y est question d’un syndrome que je n’ai croisé que deux fois durant toutes ces années où j’ai tenté de comprendre l’âme humaine.
Deux fois.
Je sais, Dimitri, deux fois c’est pas beaucoup.
Il s’agit donc du syndrome de Münchhausen par procuration, même si ce syndrome n’est jamais explicitement nommé.
Je t’explique, au cas où tu ne sois pas spécialisé dans ce genre de trouble.
Il s’agit, pour faire simple, de rendre un proche, souvent un enfant, malade pour se mettre dans une relation souvent ambivalente avec les toubibs, genre amour/haine. Tu vois le truc ?
Je ne sais pas si tu te souviens de Gypsy-Rose Blanchard, et de sa mère Dee-Dee. Ça avait plus ou moins défrayé la chronique psy il y a quelques années. Sinon, cherche, tu vas trouver.
D’aucun peut penser que le roman est tiré de ce fait divers, mais peu importe. D’autres ont écrit sur les tueurs en série et ont raconté leur histoire, ça n’a pas empêché de faire de bons bouquins.
Tu vas donc rencontrer Rose Gold et sa maman. Sa maman qui l’aime d’amour, au point qu’elle a fait cinq ans de prison pour compenser les mauvais traitements qu’elle a fait subir à sa fille durant dix-huit années.
C’est long, dix-huit ans.
Rose-Gold vit seule, avec son bébé. Et quand sa mère sort de prison, elle décide de l’accueillir chez elle.
Je sais, c’est chaud, et c’est tout pour le pitch.
Le récit est parfaitement conduit.
La voix de la mère, celle de la fille, de façon à ce que tu sois parfaitement au clair avec les pensées de chacune.
Un livre sur le pardon, sur la résilience.
Ou plutôt sur la possibilité de pardon, après les souffrances infligées par celui ou celle qui aurait dû nous protéger.
Un livre sur ce besoin d’être aimé, parfois pathologique, qui fabrique autre chose que l’amour espéré.
Un livre sur la capacité qu’ont certaines personnes à nier les horreurs qui leur sont reprochés. À ne les voir qu’à travers leur prisme personnel, un peu comme un pervers, tellement narcissique, que le simple fait de s’imaginer avoir fait du mal n’est simplement pas envisageable.
Un livre, enfin, sur la vengeance.
Jusqu’à quel point est-elle justifiée, et jusqu’où aller pour l’appliquer.
Plutôt bien écrit, avec des ficelles de la taille d’un fil de pêche, qui vont t’embarquer plus loin que tu ne pensais aller…
Il a été traduit par Tiphaine Scheuer, et il semble qu’elle a fait un plutôt bon travail.
C’est tout ce que j’ai à dire sur ce roman.

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