Darwyne – Colin Niel

Le Rouergue

Si tu suis un peu mes pérégrinations littératuriennes, tu sais que je n’ai pas particulièrement apprécié le roman précédent de Colin Niel, à savoir, « Entre fauves ». Et c’est heureux qu’on soit quelques uns pas toujours d’accord avec d’aucuns.

Surtout que sur le coup, d’aucuns étaient nombreux…

Ceci posé, tu te souviens peut-être à quel point, en revanche, « Seules les bêtes » m’avait bluffé.

Un roman noir que j’ai adoré.

Ne pas oublier, surtout, qu’à chaque fois, dans chacun de ses romans, Colin Niel nous parle d’écologie, de respect de la nature, et du fait que ni toi ni moi n’avons de planète B, ou en tout cas, les « 10 % les plus » ne nous ont pas mis au courant…

La seule planète B que l’on connaisse, finalement, c’est celle où la nature prend le dessus sur nous, nous qui sommes persuadés d’être tout puissants.

Tout puissants.

Et la Nature, elle gagne.

Dans ce roman, tu vas croiser, rencontrer, puis suivre, si tu cours assez vite, Darwyne. Un môme de dix ans.

Pas simple, quant tu es écrivain, de démarrer ton histoire avec des petites connotations fantastiques.

Pourquoi ?

Parce qu’il y a un Monsieur qui fait ça, depuis des années, un américain, et qu’il le fait foutrement bien, même s’il n’a pas encore pensé à imaginer que la forêt pouvait être un personnage à part entière. Enfin, quand je dis qu’il n’y a pas pensé, je déconne.

Il faut avoir oublier, notamment, « La petite fille qui aimait Tom Gordon ».

Alors, la forêt.

La forêt, comme ce personnage fantastique qui devient l’un des principaux protagonistes de ce roman.

Darwyne, le môme, habite à Bois-sec.

Cherche pas. C’est en Guyane.

Darwyne, ses pieds, ils sont différents des tiens. Malgré tous les efforts de sa mère et des toubibs, ses pieds sont à l’envers.

C’est le pitch.

M’en demande pas plus, c’est pas la peine.

Tu vas donc croiser Darwyne, et tu vas rencontrer aussi Yolanda.

La Mère.

Johnson, le beau-père de Darwyne, le nouveau mec de Yolanda.

Tu suis ?

Et Mathurine.

Elle est assistante sociale, et elle s’occupe des gosses qui sont maltraités, et c’est peut-être pour ça qu’elle en voudrait bien un à elle.

Sauf qu’elle n’en a pas.

Dur métier.

Des larmes, souvent, des sourires, parfois.

Tu vas donc suivre Darwyne et Mathurine.

Dans la forêt, à côté de la forêt, et dans leur tête aussi.

Le métier de Colin Niel, c’est écrivain.

Aucun doute.

Une capacité à te faire voir le bidonville, à te faire entendre la forêt et les animaux qui y vivent, à te faire sentir les pluies diluviennes qui te tombent sur le visage…

Aucun doute.

Te faire entrevoir que les services sociaux en Guyane, c’est un peu comme chez nous, mais en pire…

Une écriture, donc, bien au-delà de ce que certains écrivaillons sont capables de nous offrir.

Je ne vise personne en particulier, tu me connais.

Ce qui va sans doute te bluffer, comme moi, c’est que les aspects fantastiques ne vont, à aucun moment, te sembler surfaits.

Ce que tu vas voir, c’est la nature et ce qu’elle est capable de faire.

Tu vas sentir l’amour de l’enfant pour la Mère, et plus encore pour cette forêt qui l’accueille en lui rendant cet amour, sans doute trop grand pour lui tout seul.

Comme certains webistes, le regret, en ce qui me concerne, ce sont les pages qui manquent.

Je t’explique, Dimitri.

Parfois, quand tu tombes sur un roman qui t’emporte, tu supporterais sans difficulté une centaine de pages supplémentaires.

C’est le cas de celui-ci.

Une centaine, ça aurait été bien.

C’est le seul regret ?

Ouep.

Tu te souviendras de Darwyne, sans doute, même quand tu auras oublié Yolanda et Mathurine.

C’est tout ce que j’ai à dire sur ce roman.